Marcher sur la ligne

« […] Nous avons donc pensé à un moyen qui aide les petits enfants à rendre plus sûr l’équilibre de leur personne, et à perfectionner le mouvement fondamental entre tous : la marche.

Une fois dessinée par terre une ligne en forme de longue ellipse (soit à la craie, soit en vernis pour qu’elle dure plus longtemps), on marche en mettant le pied entièrement sur la ligne c’est-à-dire de façon qu’elle semble courir le long de la plante du pied. La disposition exacte du pied est la première chose qu’il faille montrer : la pointe et le talon sont ensemble sur la ligne. En avançant successivement les pieds en cette position, quiconque n’en a pas fait l’expérience a l’impression de tomber. C’est donc un effort à faire, qui conduit à assurer l’équilibre. Dès que l’enfant a assuré sa démarche, on passe à une autre difficulté : les pieds doivent être posés de façon que le talon du pied qu’il vient d’avancer soit en contact avec la pointe de l’autre pied. L’exercice comporte non seulement l’effort pour se tenir en équilibre, mais exige de la part de l’enfant une grande attention pour diriger ses pieds dans la position voulue. C’est une utilisation de l’instinct que nous avons tous constaté chez les enfants de marcher le long d’un tronc d’arbre ou sur une barre quelconque ; et cela explique le grand intérêt que prennent les nôtres à ces exercices sur la ligne.

[…] Nous mettons aujourd’hui dans nos écoles, entre autres objets du matériel établi, un socle supportant de petites bannières différentes et dont les couleurs vives sont attrayantes. Les enfants ont plaisir à les manier. À peine ont-ils dépassé les premières difficultés et atteint leur équilibre, qu’ils peuvent prendre un de ces petits drapeaux, pour peu qu’ils sachent bien le tenir en l’air. S’ils ne contrôlent pas leur bras avec beaucoup d’attention, le petit dapeau s’abaissera peu à peu.

Il leur faut donc partager leur attention entre le contrôle des pieds se posant adroitement sur la ligne, et celui du bras qui soutient le drapeau.

Nous leur apportons les difficultés successives au moyen d’exercices toujours plus minutieux du contrôle des mouvements ; voici maintenant une série de verres contenant un liquide coloré ; le liquide atteint le bord, et il faut marcher en tenant le verre bien droit afin que le liquide ne tombe pas. […]

Nous avons aussi des sonnettes qu’il s’agit de prendre au passage, et de tenir droites et immobiles : il ne faut pas qu’un son résonne en cheminant sur la ligne ; et chaque inattention est dénoncée par la sonnette.

À ce moment, l’intérêt est né ; il pousse à dépasser des difficultés toujours croissantes. L’enfant est lancé dans une gymnastique joyeuse qui lui apporte peu à peu la maîtrise de tous ses mouvements. Sa confiance en lui se mue souvent en une véritable audace ; j’ai vu des enfants tenir à la main plusieurs cubes posés l’un sur l’autre en colonne, et transporter cet appareil tout autour de la pièce sans en rien faire tomber. D’autres se placent des corbeilles sur la tête et avancent avec précaution. » (Pédagogie scientifique, tome 1).

Vous avez compris le principe. Toutes les variantes sont imaginables. Nous avons également une cuiller avec une balle de ping‑pong à l’intérieur, à tenir à la main, voire dans la bouche, ou bien encore un miroir pour marcher en arrière.

Nous sommes pleinement dans le développement du mouvement, de la motricité globale, en complément du matériel qui raffine les gestes et qui s’attache davantage à la motricité fine.

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