Gymnastique et travail (Maria Montessori, « Pédagogie scientifique tome 1 »)

« Il serait intéressant d’établir un parallèle entre les exercices musculaires que l’on fait faire communément aux enfants pendant les heures d’éducation physique et l’exercice musculaire nécessité par les divers « exercices de vie pratique » spontanément choisis et exécutés par nos enfants. On verrait alors qu’il s’agit d’une véritable gymnastique : c’est que les exercices de vie pratique ont tous un but intelligent attrayant, à l’époque de la formation et du perfectionnement de la coordination musculaire. Non seulement cela explique le succès de ces exercices auprès des enfants, mais cela fait sauter aux yeux leur valeur formatrice. On atteint, grâce à eux, une coordination des muscles entre eux, en même temps qu’ils aident l’enfant à créer cette coordination d’après le guide et sous le commandement de l’intelligence. Rouler un tapis, brosser une paire de souliers, laver une petite cuvette ou un plancher, mettre le couvert, ouvrir et fermer des tiroirs, des portes ou des fenêtres, mettre en ordre une chambre, ordonner les sièges, tirer un rideau, transporter un meuble, etc, sont des exercices où tout le corps est en mouvement, et où le mouvement s’exerce et se perfectionne peu à peu. L’enfant apprend aussi à mouvoir bras et mains, à fortifier ses muscles, plus que par la gymnastique ordinaire. Il ne faudrait toutefois pas considérer les exercices de vie pratique comme une simple gymnastique musculaire : ils constituent un « travail ». C’est le travail des muscles qui agissent sans se fatiguer, parce que l’intérêt est ranimé à chaque mouvement par la variété. C’est l’exercice naturel de l’homme qui doit avoir un but à atteindre quand il agit. Les muscles devraient toujours être au service de l’intelligence et rester ainsi à la disposition de la fonction unique de la personne humaine. Si l’homme est à la fois intelligent et musculairement actif, son repos réside dans l’activité intelligente, de même que le repos de tout être se trouve dans l’exercice normal de ses propres fonctions. Il nous faut donc offrir à l’enfant, dans l’ambiance qui l’entoure, des « moyens » pour exercer son activité, en se rappelant que la Maison des Enfants reçoit des enfants d’âges variés qui vivent ensemble comme feraient des frères et sœurs en famille et qu’ils ont besoin d’occupations différentes. »

Je tiens à rappeler que le mouvement est une des périodes sensibles de l’enfant entre 0 et 6 ans. Une période sensible est un laps de temps au cours duquel les enfants vont tenter de combler un besoin vital à leur développement. Il s’agit pour les enfants jusqu’à 3 ans du mouvement global de leur corps, alors qu’à partir de 3 ans, ils vont plutôt développer leur motricité fine. Cela reste un axe général. Certains enfants ont besoin d’un temps plus long que d’autres afin de se sentir à l’aise et de perfectionner leurs gestes.

C’est la raison pour laquelle le matériel de vie pratique est tout autant utilisé par les enfants qui arrivent à 3 ans que par les enfants de 4 ou 5 voire 6 ans.

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