La leçon est un appel à l’attention : c’est la présentation d’un objet dont la maîtresse explique l’usage, et dont elle donne le nom. L’objet, s’il correspond aux besoins intérieurs de l’enfant et s’il représente le moyen de le satisfaire, l’entraîne dans une activité prolongée, parce qu’après s’en être emparé, il s’en sert en répétant un exercice.
Les mots ne sont pas toujours nécessaires : souvent, il est suffisant de montrer simplement comment on se sert de l’objet. Mais quant il faut parler et initier l’enfant à l’usage des différents matériels, la caractéristique de cette leçon, c’est la brièveté ; sa perfection réside dans la recherche du « minimum nécessaire et suffisant » […]
Une leçon deviendra d’autant plus parfaite qu’elle comptera le minimum de mots ; il faut apporter un soin spécial pour préparer la leçon, compter et choisir les mots qui devront être prononcés.
Il faut aussi qu’elle soit simple et dépouillée de tout ce qui n’est pas la stricte vérité. Que la maîtresse ne se répande pas en de vaines paroles, c’est la première qualité ; la seconde est un dérivé de la première : chaque mot compte et doit exprimer la vérité.
La troisième qualité de la leçon, c’est son objectivité ; il faut que la personnalité de la maîtresse disparaisse, et que seul, l’objet sur lequel elle veut attirer l’attention de l’enfant reste en évidence.[..]
La maîtresse observera alors si l’enfant s’intéresse à l’objet présenté, comment il s’y intéresse, pendant combien de temps etc. ; et elle aura soin de ne jamais oublier de suivre celui qui n’a pas semblé s’intéresser à sa proposition. Si donc la leçon préparée dans sa brièveté, sa simplicité et sa vérité n’est pas comprise par lui, la maîtresse doit en tirer deux avertissements : 1° ne pas insister en répétant la leçon ; 2° ne pas faire comprendre à l’enfant qu’il s’est trompé ou qu’il n’a pas compris ; car cela risquerait d’arrêter – pour longtemps – cette mystérieuse impulsion à agir qui est à la base de tout progrès ». (Maria Montessori, Pédagogie scientifique tome 1).
Cette façon d’aborder le matériel proposé par Maria Montessori et les concepts et compétences qu’il permet aux enfants d’acquérir, est en lien direct avec l’esprit absorbant des jeunes enfants (0-6 ans). Cette manière de comprendre leur environnement précède l’analyse plus intellectuelle qui commence à se développer à la fin de la période et qui sera à la base des apprentissages de la période suivante (6-12 ans).
Il y a quelque chose de l’ordre de la méditation pendant une « présentation » du matériel entre l’éducatrice aux gestes lents et silencieux et l’enfant au regard attentif voire absorbé.
Je peux toutefois remarquer chez des enfants qui n’ont pas suivi le début de leur scolarité dans une école Montessori, qu’ils sont en attente d’explications et ce, davantage encore lorsqu’ils sont plus âgés.
Il convient alors à mon sens de moduler les « présentations » de matériel en fonction de l’historique des enfants qui sont accueillis et de les amener progressivement vers une démarche différente, plus silencieuse et axée sur la manipulation.
La formation scientifique de Maria Montessori influe, pour ma part, sur sa psycho-pédagogie. Finalement, passer par le matériel et la manipulation, c’est comme appliquer la démarche scientifique de base : observation, expérimentation, déduction.