1. Isolement d’une qualité dans le matériel […]
2. Le contrôle de l’erreur. Il faut que le matériel offert à l’enfant contienne en soit le « contrôle de l’erreur » ; par exemple, dans les emboîtements solides, les socles de bois où sont ménagées des cavités cylindriques de hauteurs et de diamètres gradués, doivent contenir exactement des cylindres de bois gradués exactement comme les cavités. Il n’est donc pas possible de replacer tous les cylindres si une erreur a été commise, puisqu’il en resterait un qui ne trouverait plus sa place : il dénoncerait l’erreur.
C’est précisément ce qui se passé pour une boutonnière quand on s’est trompé, car le bouton oublié se révèle à la fin de l’exercice par une boutonnière vide. Dans d’autres pièces du matériel comme dans les trois séries de cylindres sans emboîtements, la grandeur, la couleur, etc des objets et l’expérience acquise par l’enfant à constater les erreurs, les rendent évidentes.
Le contrôle matériel de l’erreur amène l’enfant à accompagner ses exercices d’un raisonnement ; son sens critique et son attention sont toujours plus tendus vers l’exactitude, avec un affinement qui lui permet de distinguer les différences les plus infimes ; la conscience de l’enfant est ainsi préparée à contrôler ses erreurs, même quand ce ne sont plus des erreurs matérielles.
Tout dans le milieu, et pas seulement les objets destinés à l’éducation sensorielle et à la culture, est préparé de façon à faciliter ce contrôle. Les objets, du mobilier au matériel de développement, sont tous dénonciateurs ; on ne peut fuir leur voix de surveillance.
Les couleurs claires et la lumière dénoncent les taches ; la légèreté des meubles dénonce les gestes brusques et encore imparfaits qui les laissent tomber ou qui les traînent bruyamment. Tout l’entourage se comporte comme un éducateur sévère, une sentinelle en alerte, et chaque enfant est sensible à cette surveillance.
3. L’esthétique. Il faut que les objets offerts aux enfants soient attrayants. Il faut soigner tout autour d’eux la couleur, le brillant, l’harmonie des formes, et pas seulement dans le matériel sensoriel ; tout ce qui les entoure doit être conçu en vue de les attirer.
« Sers-toi de moi avec soin » semble dire chaque petite table claire ; « ne me laisse pas oisif » semble dire chaque petit manche peint ; « viens ici plonger tes mains » semblent dire les lavabos bien propres, garnis de leur savon et de leurs brosses à ongles.
Et les métiers à lacer et à boutonner, avec leurs boutons argentés cousus sur les étoffes vertes, les cubes roses, les tablettes de 63 nuances graduées ou les lettres de couleur de l’alphabet, rangées chacune dans son compartiment, sont autant d’invitations.
Et l’enfant obéit à l’objet qui correspond à son plus grand besoin d’activité du moment. Aussi bien dans un champ, les pétales de fleurs appellent-ils les insectes de toutes leurs couleurs et de tous leurs parfums, mais l’insecte choisit, lui aussi, la fleur qui lui convient.
Pédagogie scientifique tome 1, Maria Montessori.
L’environnement est sans conteste au coeur de la pédagogie Montessori. En effet, les caractéristiques propres au matériel, support des activités, se retrouvent également dans l’ensemble du mobilier, de l’organisation, de la décoration d’une « ambiance Montessori ».